Christine Lieffroy Photographie
Début mars 2024
Après avoir enchainé 3 vols depuis Marseille (par Madrid et Santiago du Chili) cette aventure commence à Puerto Montt, aux portes de la Patagonie, où nous logeons quelques jours dans le quartier coloré du port d’Angelmo.
C’est tout de suite un autre monde que nous découvrons, avec le marché aux poissons, les fresques un peu partout sur les murs et les phoques qui se prélassent carrément sur la route !
Sans oublier la dégustation du fameux ceviche servis dans tous les petits restos autour du marché.
Ce quartier animé est très agréable pour démarrer le voyage, se mettre dans l’ambiance et faire quelques photos de rue.
Nous y avons passé 2 jours à déambuler sous le soleil de fin d’été à apprécier la gentillesse des habitants.
Le troisième jour était consacré à l’enregistrement et à l’embarquement sur le ferry.
Après maintes modifications de la date de départ par la compagnie Navimag, à cause de la météo capricieuse, nous embarquons enfin sur le Ferry Esperanza… sans se douter des surprises qui nous attendaient.
Le départ était prévu à 18h, mais nous partons finalement un peu avant minuit, prêts à découvrir les canaux de Patagonie !
Au matin le temps est tout à fait comme on s’y attendait, nuages bas, vent assez fort et températures en chute libre :
On adoooooooooooore, c’est parti pour les photos !
Le très grand angle sera le mieux adapté aux prises de vues dans les paysages grandiose de Patagonie, autant sur l’eau que sur terre. Mon choix pour ce voyage un 14-24.
Les lumières sont assez difficiles à gérer et il faut aussi tenir compte du mouvement du bateau :
Il ne faut donc pas hésiter à monter les vitesses et sous-exposer un peu pour avoir du détail dans les lumières !
Les nuages de pluie se succèdent à une vitesse folle et entre deux averses les arc-en-ciel font la joie des passagers et surtout des photographes !
La lumière joue constamment à travers les nuages, semant des reflets d’argent, des éclats métalliques sur l’océan.
Dans l’après midi, un rapace se pose sur le ferry, pas farouche (je me suis approchée à 2 m) il se laisse photographier facilement. C’est un « Caracara » et on va en voir tout au long du voyage.
La première surprise sera l’arrêt complet du ferry au milieu de rien en fin de journée.
Et le fait que l’équipage commence à vérifier les canaux de sauvetage n’était pas pour nous rassurer !
Nous apprendrons bientôt que nous restons à l’abris dans les canaux à cause ses vents trop violents qui empêchent la navigation dans le passage du « Golfo de Penas ».
Nous y resterons 30 heures à attendre le bon vouloir de la météo.
La dernière partie du trajet est sans conteste la plus belle !
A l’abris des vents dans les étroits canaux, le temps est plus calme, l’eau prend des couleurs métal, on a l’impression de glisser à sa surface.
C’est un calme surprenant, et bienvenu, après l’agitation des jours précédents.
Des ilots apparaissent de temps en temps colonisés par les oiseaux marins, surtout le cormoran impérial qui est très présent par ici.
Nous observons également une variété d’albatros, quelques dauphins et des otaries.
Albatros – Photo : Marc Lieffroy
L’autre surprise sera l’annonce de l’arrivée à Puerto Natales avec 3 jours de retard.
Bien entendu, cela a perturbé nos réservations pour la suite du voyage, mais heureusement, dans la région, les professionnels du tourisme ont l’habitude de ce genre d’imprévu et sont assez conciliants pour modifier les réservations.
Première quinzaine de mars 2024
A Puerto natales, nous louons une voiture et roulons sur 80 km en direction du nord pour atteindre le parc « Torres del Paine » où nous passerons 4 jours au « Rio Serrano », à l’entrée sud ouest du parc.
A partir de là, les routes sont des pistes dans un état plus ou moins carrossable. Le choix d’un 4×4 s’est avéré très judicieux.
Là, nous foulons vraiment le sol Patagonien et c’est presque un choc de voir s’entremêler ces lacs et ces montagnes dans une telle immensité !
Le souffle coupé, je comprend que la réalité dépasse largement tout ce j’avais imaginé.
Et ce n’est que le début !
Nous empruntons les pistes Y290 et Y156 (en rouge sur le plan) pour observer les paysages des fameuses « Torres ».
Elles ne se dévoilent que rarement à travers les nuages et nous aurons la chance les 2 premiers jours de les apercevoir.
Le vent est omniprésent, les nuages se succèdent sur les sommets du massif et la lumière évolue constamment !
C’est ici que nous allons voir les premiers guanacos. Ils sont habitués à voir des touristes et ne s’enfuient pas à notre approche : j’ai pu les photographier avec mon grand-angle.
Emotion garantie !
Sur les lagunes des hauts plateaux quelques flamants roses nous attendaient.
Le glacier Grey est accessible en bateau et nous décidons malgré la pluie d’aller le visiter. (en bleu sur le plan)
Avec le recul et après avoir vu le Perito Moreno quelques jours plus tard, c’est une étape que l’on aurait pu sauter. D’un point de vue photographique surtout, parce que le bateau ne s’approche pas beaucoup du front du glacier.
La plage au départ du bateau est largement suffisante pour quelques clichés avec les icebergs juste devant !
Presque pas de lumière, les ISO au maximum, mais ç’est très esthétique et je me suis amusée.
La piste Y200 (en violet sur le plan) est moins fréquentée des touristes car moins spectaculaire au niveau de la vue sur les montagnes.
Mais au niveau de la faune c’est un « feu d’artifice » !!!
Guanacos, condors, nandous, caracaras, ibis et même un tatou.
Pour l’occasion, j’ai troqué mon grand-angle pour un 200 mm.
Condors – Photo : Marc Lieffroy
Condor – Photo : Marc Lieffroy
Nandous – Photo : Marc Lieffroy
Ibis – Photo : Marc Lieffroy
Caracara – Photo : Marc Lieffroy
Mi-mars 2024
Passage en Argentine pour se diriger vers le Glacier Perito Moreno.
C’est l’occasion de traverser les immenses paysages de la Patagonie Argentine : beaucoup de cailloux, un peu d’herbe sèche sur des hauts plateaux qui alternent avec de larges vallées.
C’est à El Calafate, la ville la plus proche du glacier que nous passerons quelques jours. C’est une « usine à touristes » sans charme mais tous les hébergements sont là !
Le seul endroit sympa c’est le bord du lac Argentino.
Enfin, nous allons voir le fameux glacier, ce moment tant attendu sera inoubliable !
Des passerelles sont parfaitement aménagées pour observer le Perito Moreno sous tous les angles.
C’est particulièrement à cet endroit que le 14 mm est tout simplement indispensable !
Pour donner une idée du « glaçon » le front de glace mesure 60 mètres de haut et 5 km de large !
En partant de Puerto Bandera, nous allons visiter le glacier Spegazzini, une autre merveille du parc « Los glaciares sud »
Avant de repartir, nous consacrons une journée à explorer les alentours, et nous ne serons pas déçu !
Nous empruntons la route 15 qui part du sud de El Calafate.
Des caracaras et des flamants roses nous ont offert un spectacle magique !
Deuxième quinzaine de mars 2024
Toujours en direction du nord, nous allons passer une petite semaine à El Chalten, dans le parc « los glaciares nord » pour randonner dans le massif.
En arrivant c’est le Fitz Roy, impressionnante colonne de granit, et plus à gauche le Cerro Torre qui donnent le ton : Un univers minéral et vertical nous attend !
Une petite « mise en jambe » s’impose, avec la balade de 30 minutes vers la jolie cascade « Chorrillo del Salto ».
Notre première rando sera la « Laguna Torre ».
Avec la neige qui est tombée au petit matin c’est tout simplement magnifique.
Environ 20 km AR, mais la récompense sera au bout du chemin.
La neige fond vite au soleil, il fait presque chaud, et, après la montée sur la moraine, la lagune apparaît…
Durant quelques instants, avant que le vent se lève, le Cerro Torre se reflète dans la lagune : je profite du spectacle. Encore un moment intense et fort en émotions !
Une journée de récupération : Nous partons en voiture sur la piste 23 au nord d’El Chalten.
Cette piste longe le Rio de las Vueltas.
Elle est assez difficile, avec beaucoup de nids de poules mais elle offre un superbe panorama sur le Fitz Roy.
La rando vers la Laguna Capri est bien plus facile, mais le paysage est encore une fois à la hauteur de mes attentes du point de vue photographique.
Le reflet est parfait, du haut de ses 3400 m le fitz Roy domine le paysage , avec ses glaciers suspendus et ses faces pointant vers le ciel.
Les arbres, soumis aux conditions météo extrêmes de ces latitudes, aux formes torturées et inattendues, fournissent des premiers plan intéressants.
Un petit tour en ville ?
El Chaltén c’est un peu le « chamonix » de Patagonie, mais le style c’est plutôt « Far west » !!!
La Chocolateria : une ambiance montagne du bout du monde, à l’intérieur : que du bonheur !
Le retour au Chili à Puerto Natales pour rendre la voiture nous prendra 2 jours.
Dans ce décors aride, nous croisons quelques « gauchos ».
Photographies : Marc Lieffroy
Quelques jours à Puerto Natales avant de prendre le bus vers Punta Arenas.
Fin mars 2024
Avant de prendre le Ferry vers la Terre de Feu, nous profitons de quelques jours à Punta Arenas pour aller visiter l’île Magdalena, lieu de nidification des Manchots de Magellan.
Ils sont juste là, à quelques mètres voire moins !
Nous embarquons à Punta Arenas pour une traversée de 30 heures vers Puerto Williams sur le petit ferry « Yagan » pour le moins… rustique !
Là, il fait très froid, on ne dors pas beaucoup, la nourriture n’est pas terrible… MAIS c’est magnifique !
Les tempêtes de neige se succèdent tous les 1/4 d’heure, Le vent est violent, les sorties sur le pont durent 10 minutes maximum ; après il faut rentrer se réchauffer.
Le soir avant d’arriver à destination, nous naviguons sur le canal de Beagle et les glaciers sont devant nous !
C’est « l’heure bleue », et j’en profite.
Début avril 2024
Nous voilà enfin en Terre de Feu, le point le plus austral de notre voyage à environ 120 km du Cap Horn.
Nous logeons dans une auberge qui possède une vue incroyable sur le village de Puerto Williams et le canal Beagle.
En face de nous l’Argentine et ses montagnes aux sommets perdus dans les nuages.
Ici il y à seulement 2 routes : la Y-905 vers l’ouest et la Y-909 vers l’est.
Nous louons une voiture pour les explorer en commençant par l’est.
Toute la côte le long du canal Beagle est parsemée de petites îles…
En face c’est l’Argentine avec la grande île de Terre de Feu et Ushuaïa.
La route panoramique ouest, longue de 50 km regorge de petites baies, de criques dans une eau aux effets miroir.
A la fin de la route ouest, après une petite heure de marche pour aller tout au bout de l’île, un magnifique panorama s’étend sous nos yeux !
Plusieurs randonnées à l’intérieur de l’île Navarino nous permettent d’explorer la forêt Magellanique dense et quasi impénétrable.
Nous accédons ainsi à la Laguna Roblado et ses barrages de castors.
Ainsi qu’à la superbe Laguna Maku.
Le climat ici étant très humide, l’île est gorgée d’eau et, est en grande partie couverte de marécages provoqués par l’activité des castors ; Ce qui facilite encore moins la progression en randonnée !
Cette semaine au bout du monde se termine. Le ferry Yagan nous attend pour le trajet retour vers Punta Arenas d’où nous prendrons les vols pour rentrer en France.
J’ai apprécié chaque jour et chaque moment de ce voyage tel un magnifique cadeau de la nature.
L’émerveillement au quotidien : c’est un bon résumé de ces 40 jours passés à tutoyer les éléments, à admirer les sommets Andins, les glaciers, les déserts ou la forêt Magellanique, et à côtoyer toute la faune Patagonienne.